FAIRE PAYSAGE
Sous une apparence stable et immobile, l’environnement et le paysage, sont en réalité constamment en mouvement. Sous l’influence des phénomènes d’érosion, la mécanique des fluides, la fonte des glaciers; la matière se meut, se détache, se sédimente, se stratifie, se fusionne, se pétrifie. Comment effectuer les gestes même de sédimentation et de stratification propres à la formation des reliefs ? Comment devenir, en quelque sorte, l’agent actionnaire de phénomènes naturels?
Pour ce projet, j’ai donc entamé une collecte de rebuts; ce qui, dans l’immédiat, m’était le plus accessible, soient les débris des ateliers de sculpture. Plâtre, sable, ciment, roches, poussières de silice, poussières d’acier, cendres, rebuts de fer forgé: par cette collecte, je deviens cette rivière qui charrie les sédiments, je les classe et les conserve. En réflexion sur la provenance minérale de ces matières, j’ajoute à cette récolte des pigments et de la chaux en référence à l’histoire de la peinture de fresque.
Conçue à cet effet, une boite transparente déposée sur un socle fait office de tableau. J'y déverse, stratifie et y compacte les sédiments. Je deviens le temps que je défie. Les particules plus lourdes s’enfoncent dans les strates de sédiments plus volatiles. Les particules volatiles prolifèrent et se rattachent aux corps voisins. Il se dessine des micros effets; inclusions, plissements, fusion, glissements, éboulements, effondrements, explosions. Par ce processus, je provoque un terrain.